Une hôtesse de Ryanair coincée à Téhéran à cause du coronavirus témoigne: "On sort maximum 1 à 2 heures par jour"
Dans une interview accordée à la Libre Belgique, la jeune femme de nationalité espagnole témoigne de leur mésaventure. Elle dépeint son quotidien depuis le 21 février dernier, dans une maison familiale de la capitale iranienne, où elle attend avec trois autres hôtesses Ryanair, un vol retour pour la Belgique.
- Publié le 29-02-2020 à 17h17
- Mis à jour le 29-02-2020 à 21h22
Elles se lavent les mains avec du vinaigre, se désinfectent avec le peu de gel antiseptique qu’il leur reste. A travers les rues de Téhéran, elles portent le voile à leur bouche en guise de masque de protection contre le coronavirus. "Plus aucun masque, ni alcool, ni gel antiseptique n’est disponible dans la capitale iranienne depuis le 25 février", regrette Julia*, 38 ans, hôtesse de l’air pour Ryanair en Belgique, actuellement bloquée dans le centre-ville de Téhéran, aux côtés de trois autres membres du personnel naviguant de Ryanair, de nationalités espagnole et iranienne.
Dans une interview accordée à la Libre Belgique, la jeune femme de nationalité espagnole témoigne de leur mésaventure. Elle dépeint son quotidien depuis le 21 février dernier, dans une maison familiale de la capitale iranienne, où elle attend avec trois autres hôtesses Ryanair, un vol retour pour la Belgique.
"On sort une heure à deux heures par jour"
"Nous sommes toutes en bonne santé", rassure notre intervenante. "Nous tentons un maximum de rester à l’écart des zones concernées par la maladie, qui frappe surtout le nord de Téhéran. On sort peu de la maison. Peut-être une à deux heures par jour maximum", ajoute la dame de 38 ans. La gigantesque capitale iranienne est le lieu où la plupart des morts liées au coronavirus ont été observées en Iran, deuxième pays le plus affecté par la maladie après la Chine. Pour l’heure, les chiffres du service persan de la BBC portent le nombre de morts à 210, tandis que le gouvernement iranien continue de parler de 43 décès. Ce dernier a été accusé à plusieurs reprises de minimiser les chiffres réels.
L’inquiétude grandit
Trois jours après leur arrivée, elles apprennent que leur vol retour, programmé le 1er mars, est annulé en raison de l’épidémie de coronavirus. C’est à partir de là que l’inquiétude grandit. Leur vol est reporté au 9 mars.
"Dès que nous avons reçu la notification d’annulation de notre vol retour, nous nous sommes rendues à l’aéroport afin de réserver n’importe quel avion pour l’Europe. Malheureusement, tous les vols programmés étaient plein à craquer. Nous avons même demandé à bénéficier d’une exception grâce à notre position d’hôtesse de l’air, mais on nous a répondu que ça n’était pas possible. Toutes les compagnies aériennes qui volent vers la Turquie n'acceptent à bord de leurs avions que les ressortissants turcs. Du coup, nous sommes encore coincées pour au moins une semaine", regrette Julia.
"Nous rendre dans le quartier le plus contaminé"
Trois des quatre hôtesses, de nationalités espagnoles, ont donc pris contact avec l’ambassade espagnole afin d’être rassurées et tenues au courant de l’évolution de la situation. Néanmoins, la plus grande crainte des hôtesses se porte sur leur Visa, qui périme le 5 mars prochain, soit trois jours avant la date d’embarquement prévue.
"Nous avons dû nous rendre dans plusieurs bureaux où notre demande de renouvellement de Visa a été refusée, sans qu’on ait de justification spécifique. Nous devons désormais nous rendre dans un autre bâtiment de l’administration situé au nord de la ville, le quartier le plus contaminé par le coronavirus. Il a été exigé que l’on soit présentes physiquement."
"Le nombre de malades se multiplie chaque jour"
L’augmentation exponentielle du nombre de cas de coronavirus et de décès dans la capitale iranienne n’arrange rien. "Le nombre de malades se multiplie chaque jour. En discutant avec la famille iranienne chez laquelle nous logeons, j’ai appris qu’une autre famille avait subi la perte de trois personnes du même sang à cause de ce virus", s’enquiert l’hôtesse.
Autre source d’inquiétude : la possibilité de quarantaine à leur arrivée à Francfort, si le vol du 9 mars décolle bel et bien. "Nous espérons aussi que la situation en Europe ne se détériore pas à l’approche de notre retour et que nous puissions rentrer chez nous", explique Julia, qui improvisera son trajet Francfort-Belgique.
Les quatre hôtesses de la compagnie aérienne irlandaise ont tenté de prendre contact avec les Affaires étrangères espagnoles sans obtenir de réponse. "Les Affaires étrangères en Belgique estiment ne pas être en mesure de trouver une solution à cette situation", nous indique également Didier Lebbe, secrétaire permanent CNE Ryanair.
"Ryanair est conscient du problème et a rassuré ces hôtesses. Après concertation avec la CNE, la compagnie s'est engagée à respecter ses obligations en tant qu'employeur. C'est la première fois que Ryanair se montre attentif au sort de ses employés", tient encore à préciser le syndicaliste.
* prénom d'emprunt